Automatisation : un attrait pour plusieurs travailleurs

Automatisation : un attrait pour plusieurs travailleurs

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Publié dans :
Stratégies d'entreprise
Publié le 06 juin 2019
Lecture : 4 minutes

Automatisation : un attrait pour plusieurs travailleurs

La pénurie de main-d’œuvre au Québec encourage la majorité des dirigeants d’entreprises à faire preuve d’innovation et de stratégie pour pallier ou prévoir une potentielle paralysie commerciale. L’enjeu? Contrecarrer les situations critiques, consolider les acquis et générer de la croissance. La plus récente Journée Gouvernance, initiative de Desjardins Capital, aura permis d’explorer la réalité et la vision de Lyne Dubois (CRIQ), Jean Gaudreault (Garant) et Diane Trudel (Sanimax) au sujet de l’automatisation, notamment dans le secteur manufacturier.

Automatisation: comment se classe le Québec?

«Les études démontrent qu’au Québec, 25 à 35 % des entreprises sont automatisées, et ce, à hauteur d’environ 50 %», explique Lyne Dubois, vice-présidente au développement des affaires au Centre de recherche industriel du Québec, le CRIQ. Est-ce un bon score? «Par rapport au reste du Canada et aux autres pays industrialisés, nous observons un certain retard», a souligné la panéliste-invitée. Or, la bonne nouvelle est la progression du Québec à ce chapitre. «Depuis cinq ans, plusieurs entreprises sont passées de l’étape de la sensibilisation au mode adoption.» À son avis, il faut arrêter de craindre l’implantation de robots dans les entreprises, car l’automatisation est l’une des réponses à la pénurie de main-d’œuvre.

«Chez Garant, le bon incitatif, c’est la peur!», signale à ce sujet, avec une pointe d’ironie, le président de Garant, fleuron de la région de Montmagny, en affaires depuis près de 125 ans. «Imaginez, on fabrique des pelles et on doit concurrencer la Chine!», ajoute-t-il au sujet de l’entreprise, qui emploie 400 personnes et livre plus de 11 millions de produits chaque année.

 

 

Un (petit) pas à la fois

Pour Jean Gaudreault et son équipe, l’approche par petits pas s’est avérée la plus performante. «L’automatisation ne consiste pas nécessairement à implanter des mégarobots comme dans les usines automobiles», explique-t-il. «Nous avons progressé sur la voie de l’automatisation en effectuant des tests, en favorisant un environnement d’apprentissage et surtout, en acceptant d’emblée de se tromper, pour ensuite mieux aller de l’avant.»

L’automatisation peut-elle tout régler?

Forte de ses 2 500 employés et de ses 17 installations réparties au Canada, aux États-Unis, en Colombie et au Brésil, l’entreprise Sanimax est un véritable succès québécois. En activité depuis 1939, ce fournisseur de solutions environnementales destinées au secteur agroalimentaire est à l’avant-scène des enjeux liés à l’automatisation.

Autre panéliste-invitée à la Journée Gouvernance, Diane Trudel, directrice du développement du talent chez Sanimax, a partagé sa vision: «Est-ce que l’automatisation va tout régler? Non. Ce qui nous semble gagnant, c’est la pratique d’une approche collaborative, en impliquant l’ensemble des parties prenantes, pour ainsi profiter d’une variété de perspectives.» Diane Trudel croit que l’automatisation et la requalification peuvent susciter des craintes chez certains travailleurs comptant plusieurs décennies d’ancienneté. Selon elle, la solution réside dans «l’accompagnement, surtout pour donner confiance aux gens.»

Quel avenir pour la main-d’œuvre actuelle?

«Si les robots sont démocratiques, moins chers et conviviaux sur le plan opérationnel, l’automatisation demeure la pointe de l’iceberg», souligne le président de Garant, Jean Gaudreault. «Et si nous devons penser innovation et produits, le volet distribution est à ne surtout pas négliger.»

Les trois experts observent qu’au lieu d’éliminer des emplois, l’automatisation contribue à en créer de nouveaux, plus intéressants, moins répétitifs, et susceptibles d’attirer la génération montante et un plus grand nombre de femmes. Lyne Dubois, du CRIQ: «Puisque nous assistons aujourd’hui à une bataille pour la main-d’œuvre qualifiée, de plus en plus d’entreprises proposent des environnements de travail modernes.»

Ce nouvel attrait à l’égard des entreprises manufacturières 4.0 pourrait concourir à pulvériser plusieurs stéréotypes liés à l’automatisation: «En fait, la robotisation est même devenue un facteur d’attractivité pour la main-d’œuvre. On peut dès lors inscrire les employés dans un cadre plus agréable, plutôt que de les confiner à des tâches répétitives et ennuyantes», poursuit Lyne Dubois. Elle croit qu’ainsi, «nous plaçons comme jamais l’humain au cœur de son intelligence et de sa créativité.»

Confiance et fierté

Selon Jean Gaudreault, l’autre ingrédient à considérer en matière de transition des employés vers des fonctions requérant de nouvelles compétences est le mariage entre confiance et responsabilisation: «Il ne faut pas avoir peur de confier des projets et de permettre aux employés de sortir de leur zone de confort.»

Dans cette foulée, Diane Trudel rappelle que «les gens ne sont justement pas des robots. Ils souhaitent apprendre. Cela les responsabilise, donc cela les rend plus fiers et plus heureux.» Pour elle, «valoriser l’approche et les résultats, c’est ce qui permet d’aller de l’avant.»