Embauche de travailleurs issus de l’immigration

Embauche de travailleurs issus de l’immigration

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Publié dans :
Stratégies d'entreprise
Ressources humaines
Publié le 18 juin 2019
Lecture : 3 minutes

Embauche de travailleurs issus de l’immigration : comment franchir toutes les étapes?

À l’occasion de la plus récente édition de la Journée Gouvernance, une initiative de Desjardins Capital, Julie Lessard, avocate et spécialiste en droit d’immigration d'affaires, a partagé ses observations et conseils pour réussir l’embauche de travailleurs étrangers. Que ce soit sur le plan légal, organisationnel ou humain, les défis sont nombreux, tant du côté des employeurs que des nouveaux arrivants.

Mieux vaut prévenir

À peine quelques minutes à écouter les propos de l’avocate suffisent pour réaliser la panoplie et la complexité des programmes en vigueur. D’autant plus que certains de ces programmes évoluent, changent en fonction des secteurs ou des régions. La somme de ces enjeux peut donc rapidement se transformer en sérieux casse-tête, même dans le cas d'un simple transfert d'employé.

Associée chez BCF, Julie Lessard prévient d’emblée que la tentation de procéder à l’embauche de travailleurs issus de l’immigration en appliquant la grille traditionnelle des ressources humaines constitue en général, pour les organisations sans expérience, un passeport garanti vers l’échec. Il est donc essentiel pour les entreprises de développer une stratégie gagnante pour pallier avec succès leurs besoins de main-d’œuvre.

Des défis à la hauteur des résultats

Pour y voir plus clair, elle conseille de recourir à des ressources spécialisées, capables d’encadrer et de déployer les meilleures structures et stratégies pour embaucher, et surtout conserver, ces nouveaux talents. À titre d’exemple, en matière de règles, l’avocate précise qu’au moment de recruter un travailleur immigrant, «l’organisation n’a pas le loisir d’uniquement se fier à sa propre échelle salariale, mais a l’obligation de considérer les échelles salariales établies par les instances gouvernementales.» Sinon, gare aux mauvaises surprises en cours de route.

Une fois les défis administratifs relevés, d’autres barrières sont à lever. Comme l’apprentissage du français, ou encore le fait que le trois-quarts des nouveaux arrivants s’établissent dans l’agglomération montréalaise. Une réalité difficile à concilier avec la problématique de pénurie de main-d’œuvre prévalant dans plusieurs régions du Québec.

L’autre facteur est celui du temps, on parle souvent de délais de plusieurs mois: «Puisque le processus est parfois long, en plus d'exiger temps et énergie, il est d’autant plus important de le couronner de succès», analyse Julie Lessard. «C’est pourquoi les dirigeants doivent s’assurer de comprendre les programmes et de bien planifier, tout en gérant adéquatement les attentes.»

À ce chapitre, elle souligne que survendre les qualités de l’entreprise en amont peut, à terme, causer des déceptions, suivi d’un éventuel désistement de la part de ces nouveaux employés. Être réaliste et transparent fait donc tout autant partie de l’équation.

 

 

La famille: au cœur du succès

«Les insuccès ou les raisons du départ d’un employé immigrant impliquent 50 % du temps des facteurs familiaux», observe Julie Lessard. Cet aspect crucial devrait motiver les entreprises à créer un environnement propice au plein épanouissement de ces nouveaux travailleurs: «Si on leur dit voici ton nouvel emploi, tu t’installes et on te fait confiance, on risque fort de créer du désengagement», juge l’avocate. «Alors si l'on souhaite que l’expérience se transforme en succès, la famille doit être mise en avant-plan.»

Elle cite en exemple l’accompagnement dans les dédales du système scolaire, la compréhension du régime d’assurance maladie, la prise en compte des frais de transport, les modalités d’hébergement ou encore la capacité d’évaluer en amont la possibilité pour le conjoint ou la conjointe d’accéder au marché du travail. «C’est important d’avoir à cœur l’intérêt de l’entreprise, mais également l’intérêt de la personne, qui souvent laisse plusieurs choses derrière elle.»

La gouvernance, c’est capital

En matière de gouvernance, les conseils d’administration peuvent jouer un rôle important. Comment? En s’assurant que l’ensemble des étapes et des apprentissages encouragent le développement d’un nouveau savoir-faire et en ayant également la volonté de recourir à un potentiel bassin de talents, prêts à contribuer à la consolidation et à la croissance de leurs organisations.

Selon Jean Gaudreault, président de Garant et panéliste-invité à la Journée Gouvernance, les immigrants diplômés devraient profiter d’une plus grande souplesse en matière de reconnaissance des diplômes et d’expérience: «Nous devons assouplir les règles pour leur permettre d’aller chercher de bons emplois», croit celui qui veille aux destinées de l'entreprise centenaire, basée près de Montmagny.